Sans titre
A demi-mot,
A petits pas,
Tu me parlais,
J’allais vers toi :
Je naviguais
Dans de la soie.
Tu me parlais,
Je comprenais ;
Fines allusions,
Regards mutins,
Persuasion
Au féminin.
Dans de la soie,
Je m’élevais ;
Je comprenais…
J’étais à toi.
Tirez ficelles !
Pauvre pantin…
Sans cette main,
Tu n’es plus rien.
Coupez ficelles !
Tu n’es plus beau.
Plus captivant.
Fini les mots !
Plus amusant.
Pauvre pantin…
La main tendue
Est repartie
Et l’ingénu
Sourire aussi.
Ne reste rien
Qu’un vieux pantin…
Délaissé d’elle,
Dégingandé,
Les membres mous,
Et la ficelle
Toute emmêlée
Autour du cou.
© Marc Bringuier
Extrait d'un recueil de jeunesse intitulé Corps et âme (Ed. La pensée universelle, 1994)
Le sonnet
Le sonnet est une forme fixe qui serait née à la fin du XIIe siècle, ou au début du XIIIe. Apparu en Italie, il arrive en France au XVIe siècle. C'est Clément Marot qui impulse cette forme et généralise le "sonnet français" dont il existe deux variantes. La deuxième est mise en place par Peletier. Elles seront utilisées par Du Bellay, Ronsard et les baroques du XVIIe siècle. La forme connaît un déclin au XVIIIe siècle, puis un retour en vogue au XIXe, où il fut utilisé par des grands noms : Musset, Gautier, Baudelaire, Rimbaud...
Le sonnet se compose de deux quatrains et deux tersets. Le nombre de pied est libre. Les rimes sont agencées ainsi : ABBA-ABBA-CCD-EED
Ou ainsi : ABBA-ABBA-CCD-EDE
Le poème qui suit en est un.
Nuit !
Nuit ! Ta brise est chaude et ton étreinte hardie ;
Que brillent les sept étoiles de ton charroi !
Elles n’en ont pas pour autant besoin de moi.
Néanmoins, tu me dis que tu es mon amie.
Fixant la lune, un ver émeraude luit,
Semblant hypnotisé par cette blancheur d’oie.
Plus loin, une corde pend, que Vénus m’envoie ;
Ma main se referme, le pauvre sol s’enfuit.
Vénus me hâle ; une pluie d’étoiles filantes
Vient me picoter l’échine, douce et accueillante,
Avant d’aller éclairer, sur un mot d’Arthur,
Les collines charnues et les sources secrètes,
Se révélant à mes yeux, heureuses et offertes.
Nuit ! Sous ton noir manteau j’ai trouvé de l’or pur !
© Marc Bringuier
Ce poème n'a jamais été édité sous forme reliée.
La fable
Aujourd'hui, quand on dit "fable", on pense immédiatement "Jean de la Fontaine". Mais ces textes, qui donnent des petites leçons à l'aide d'un peu d'humour, rattaché à une morale, existent depuis la nuit des temps. Peut-être même qu'ils faisaient partie de la tradition orale, avant l'apparition de l'écriture. Car on en retrouve déjà, sous forme minimaliste, sur les tablettes d'argiles des sumériens, dès le début du IIe millénaire avant notre ère... C'est une forme universelle que l'on retrouve partout, à toutes les époques : Chine, Moyen-Orient, Inde, Europe avec les latins et les grecs de l'antiquité...
Au moyen-âge, elle est très répandue en France et pas seulement à travers la satire Le Roman de Renart, lui-même très inspiré de textes antiques latins.
Quand à La Fontaine, sans lui enlever son talent littéraire de conteur, il a largement puisé dans le répertoire médiéval. Nombre de textes ont été retrouvés par les médiévistes, sous une forme réduite, dans les ouvrages de cette époque. Il en a travaillé le style, la narration pour mettre la morale au goût du siècle.
Peur bleue
Un homme rentrait chez lui par des ruelles noires.
Il se vantait souvent de ne pas connaître la peur ;
Mais ce soir-là, à son front, perlaient des gouttes de sueur.
Il se racontait sur ces lieux d’étranges histoires…
On disait de ce quartier qu’il était un repaire,
Où des voyous sans scrupules, de dangereux déments,
Détroussaient et assassinaient les passants imprudents.
La peur, chacun le sait, est mauvaise conseillère.
Tout en avançant, notre homme angoissait de plus belle.
Le caniveau crasseux, la pâleur d’un réverbère ;
Un chat gris renversant un couvercle de poubelle
Et s’enfuyant, miaulant, n’arrangeait rien à l’affaire.
Les mains un peu tremblantes, l’homme n’était plus si fier.
Mais l’amour-propre lui commandait de ne pas presser
Un pas qui, il le sentait, devenait moins assuré.
Un hurlement eu raison de cette idée austère.
Le cri, vraiment inhumain, provenait de derrière.
Il prit ses jambes à son cou et s’enfuit en courant.
Dans une rue transversale, un quidam, un pédant,
Venait de se coincer le doigt dans une portière.
© Marc Bringuier
Ce poème n'a jamais été édité sous forme reliée.
Derniers commentaires
Merci à Marc pour cette visite vidéo de la cathédrale Saint Jean. Le fond musical est bien choisi.
Nous avons fait un super tour de La ville de Lyon en vélo taxi. Notre guide Marc a une très bonne connaissance en histoire. Nous avons appris beaucoup. 😊 Je recommande.
Très intéressant tour instructive avec Marc samedi passe!
Très bonne découverte de Lyon avec Marc.
Agréable et très intéressant, il nous a appris beaucoup de choses sur l'histoire de cette belle ville