Note de lecture

Pelharot - Les mémoires de Zacharie (1911/1932). Témoignage recueilli par Joseline Briffon-Borrut, aux éditions Empreinte.

 

Voici un livre qui confirme une de mes convictions personnelles. Celle que la littérature et l’histoire sont toujours, à des degrés plus ou moins important, imbriquées.

Cette note aurait aussi bien pu figurer dans la rubrique consacrée à l’histoire. L’auteur y consigne fidèlement le témoignage de son oncle, qui se nomme Zacharie. Les faits sont relatés dans un style épuré, concis, qui va droit à l’essentiel.

 

Pelharot - Le mot qui fait le titre de cet ouvrage peut sembler hermétique (prononcer : « Peil’arotte »). Il est, cependant, révélateur d’une époque et d’une région. Il était entendu dans les villages du Languedoc au début du XXe siècle et pouvait se traduire par « chiffonnier ». Le « chiffonnier » le criait lorsqu’il arrivait dans les villages avec sa charrette, un peu comme le boulanger ambulant klaxonne, aujourd’hui, pour signaler son arrivée dans les hameaux.

C’était l’époque où l’on enfilait l’habit du dimanche quand on se faisait prendre en photo – noir et blanc. Col blanc de rigueur, petit mouchoir dans la pochette pour les hommes. Robes sobres et sombres pour les femmes. Bermudas et marinières pour les enfants, avec chaussettes qui montent jusqu’aux genoux… Si l’on s’amuse à comparer avec ce qui se fait à notre époque, attention au vertige ressenti très rapidement… Pourtant, la période dont il est question ne remonte seulement qu'à un siècle en arrière. La posture adoptée était régulièrement très droite, très stricte, quasiment un garde-à-vous… A peine si parfois, on se tenait légèrement de trois-quart. Une posture assise avec les genoux croisés indiquait une personne détendue, à l’aise dans la société. Les visages étaient de marbre, parfois même sévères, sourcils froncés. A peine si l’on distingue un petit sourire aux commissures des lèvres, de temps à autre…

Des illustrations, ce livre en regorge : photos de personnes mais aussi de lieux, documents officiels ou privés, cartes, etc.

Zacharie est le fils du chiffonnier. Il raconte l’enfance dans la famille nombreuse ; la vie difficile dans les Pyrénées, à cheval entre l’Espagne et la France ; les tournées du « Pelharot », qui consistait à recueillir les chiffons, ferrailles, couettes, plumes, peaux de lapins… pour les revendre à des grossistes qui valorisaient toutes ces matières. Puis les frères qui grandissent, leurs parcours, les départs pour la ville, l’évolution du métier du père…

Une mine d’informations et d’anecdotes sur cette période, rassemblées dans un récit touchant et fluide.

 

Pour des détails supplémentaires : http://pelharot.monsite-orange.fr/