les principes de la permaculture

Une grelinette (Crédit photo FdT)

Si l’on consulte Wikipédia, on trouve cette définition, en introduction de la page consacrée à la permaculture : « c’est une méthode systémique et globale qui vise à concevoir des systèmes (par exemple des habitats humains et des systèmes agricoles, mais cela peut être appliqué à n'importe quel système) en s'inspirant de l’écologie naturelle (biomimétisme ou écomimétisme) et de la tradition. »

je vais m’attacher, au cours de cet article, à essayer d’expliquer cette définition, un peu trop hermétique à mon goût, en présentant les différents principes sur lesquels elle se fonde.

 

La permaculture est une méthode de culture, qui peut s’appliquer à tout ce qui pousse : fruits, légumes, plantes d’ornement. L’expression remonte aux années 70 et a été inventée par deux Australiens, qui ont rédigé un essai sur cette théorie naissante. Le principe de base est très simple : il s’agit de reproduire ce qui se passe dans la nature, autrement dit de pratiquer un jardinage où les interventions humaines sont réduites au minimum… Avec des résultats surprenants.

 

A cette adresse, on peut trouver un reportage qui fut diffusé au JT de France2 et qui provoqua l’émoi…

https://www.youtube.com/watch?v=JbVwk25mbQs

Comment ?!?! Un maraîcher faisait pousser ses légumes sans arrosage, en pleine canicule, du côté de Nîmes ? Mais quelle est donc cette sorcellerie ???

Pour les adeptes de la permaculture, ce reportage fut l’occasion d’une bonne partie de rire, face aux mines défaites des profanes. Ce fut aussi la possibilité de voir enfin leur pratique reconnue par les médias de masse et le grand public.

 

La conséquence directe de cette méthode est qu’il devient inutile d’arroser son jardin : dans une forêt, personne n’arrose jamais, ce qui n’empêche pas les plantes de toutes sortes de s’y développer normalement… ce qui nous emmène à l’un des principes de base : si l’on observe ce qui se passe en forêt, on constate que la terre du sol n’est jamais nue. Elle est recouverte d’herbe et d’humus, qui ont pour fonction de lui assurer une protection, tout en lui fournissant un engrais naturel. Dans un jardin cultivé en permaculture, ce phénomène est reproduit en s’épargnant le désherbage. L’intervention humaine se limite à recouvrir régulièrement le sol, sous les plantations, de paille ou de copeaux de bois : en se décomposant, cela forme un humus très riche. De surcroît, ce tapis absorbe l’eau de pluie et la restitue par la suite. De cette manière, l’arrosage devient inutile. Il suffit de bien surveiller ses plantations : en période de sécheresse, il se peut qu’un peu de stress hydrique soit détecté et c’est seulement à ce moment-là qu’il faut arroser légèrement.

 

Avant de semer, un préalable est nécessaire : la préparation du sol. Aucun désherbage, on l'a dit. Mais il n'est pas question non plus de bêchage ! Il faut bien comprendre que le sol, sous la surface, contient des micro-organismes qui vivent en anaérobie, c'est-à-dire sans oxygène. À l'inverse, la surface du sol recèle d’autres micro-organismes qui vivent en aérobie (avec oxygène). Retourner la terre revient à chambouler cet équilibre biologique, comme si l'on tentait de faire vivre un poisson hors de l'eau...

La première étape consiste simplement en un décompactage du sol. Il s’effectue à l’aide d’une grelinette ou d’une bêche auxquelles on impulse, une fois plantée dans le sol, un mouvement de va-et-vient, d’avant en arrière. La deuxième étape consiste à occulter la partie cultivable, pour qu’elle soit à l’abri de la lumière. Cela peut se faire dès la fin des récoltes, en utilisant des cartons aplatis. Non seulement ils vont empêcher l’herbe de pousser (ce qui étoufferait les semailles, qui ont besoin d’espace pour se développer, au départ), mais il va s’y développer toute une micro-faune. Les insectes et tout particulièrement les vers de terre, vont contribuer à former une terre aérée et riche, extrêmement propice aux végétaux qui y pousseront. Il faut bien comprendre qu’un sol sans insecte est un sol mort… Comparons le sol d’une forêt et celui d’un champ de maïs cultivé de façon « conventionnelle »… La terre, au cœur d’un bois, est souple et malléable, faite de petits grains agglomérés dans laquelle on peut enfoncer les doigts de la main sans difficulté. Celle du champ de maïs est plutôt comparable à du béton : compactée, durcie, aucun insecte ne l’aère ni ne l’enrichit, ce qui contraint les agriculteurs à utiliser des engrais artificiels pour espérer un rendement normal.

Avec la permaculture, il va de soi qu’aucun produit chimique n’est utilisé, ce qui conduit à une certaine auto-suffisance et à produire des récoltes de qualité « bio ».

La société dans laquelle on vit n’aime pas l’auto-suffisance. Il faut consommer pour qu’elle soit satisfaite… Les agriculteurs conventionnels dépensent des fortunes en pesticides, puis en engrais chimiques… Cette méthode permet une économie non négligeable en matière de produits industriels.

 

Lorsque le jardinier manque de place, il est d’usage d’agrandir la surface cultivable en créant des buttes de permaculture : il s’agit d’amasser des déchets verts de toutes sortes pour surélever les planches de culture (nom donné aux zones cultivées), en prenant soin de ne choisir que des organismes naturels : attention, par exemple aux bois traités (palettes fumigées…) qui seraient nuisibles aux cultures. Une fois recouverte de carton, la butte se fait seule, avec un peu de temps… De cette manière, la surface cultivable se voit agrandie puisqu’elle n’est plus plate et que les pentes de la butte peuvent être semées.

Ne jamais évacuer de déchets verts en déchetterie : il vaut mieux les amasser au fond du terrain, car rien de ce qui est organique n’est inutile : compost, paillage, constitution de buttes...

 

Après cette préparation, le sol est susceptible de fournir en abondance. On l’a vu, nul besoin d’arrosage, ni de désherbage. Pour le jardinier, et jusqu’à la récolte, le reste du travail va consister à surveiller la pousse pour détecter d’éventuels problèmes et leur apporter les solutions naturelles adéquates. Les insectes ravageurs seront traités avec des produits naturels, fait maison. Les sites qui fournissent des recettes sont nombreux, en voici deux exemples :

https://www.remedes-de-grand-mere.com/tag/insecticide-naturel/

https://positivr.fr/insecticide-naturel-maison-diy-respect-environnement/

Le jardinier apportera un soin particulier à détecter les limaces, qui peuvent ruiner une récolte.

La méthode la plus simple est de les ramasser à la main.

La plus sophistiquée, de saupoudrer un cordon de cendre (plus facile que les coquilles d’œufs écrasées) autour des planches de culture : les limaces ne peuvent le traverser. Avec la pluie, la cendre pénètre dans la terre et apporte un engrais naturel intéressant. Il suffit de renouveler l’opération après les averses.

La plus naturelle est de capturer un ou deux hérissons et de les lâcher dans le jardin : ils feront le travail à votre place… Pour les inciter à rester, on laissera des tas de branchages sous lesquels ils viendront nicher.

 

 

On l’aura compris, la permaculture est un état d’esprit, une volonté de revenir à des solutions simples et naturelles. En considèrant l’économie de travail (en matière d’arrosage, de bêchage…) et celle, financière, que permet les produits « fait-maison », on arrive à une conclusion rapide : cette méthode supprime les corvées du jardinage tout en obtenant de son jardin une production très intéressante sur le rapport « dépenses effectuées/récolte ». Un pas-de-géant vers l’auto-suffisance, tout en consommant des produits qui ne contiennent aucun pesticide !

Si, de surcroît, on achète les graines auprès de fournisseurs éthiques, on peut aller jusqu’à laisser une partie des récoltes monter en graine, pour assurer une auto-suffisance complète. En effet, les commerces de grande distribution ne vendent que des graines hybrides F1, qui ne repoussent pas… La société de surconsommation est impitoyable…

Dans ce domaine, Kokopelli et Biaugerme sont des bons fournisseurs.

https://kokopelli-semences.fr/fr/

https://www.biaugerme.com/

 On s’apercevra malheureusement, en consultant leur catalogue, que de nombreuses variétés de céréales n’y figurent pas et pour cause : elles sont désormais « propriété industrielle » et ne peuvent être vendues par n’importe qui… Quelques variétés anciennes ont cependant pu échapper à ce fléau des temps modernes, comme le blé rouge de Bordeaux, par exemple...

 

Le niveau « confirmé » consiste, lorsque l’on s’est bien familiarisé avec ces principes, à cultiver des variétés anciennes, plus rares. Il faut savoir que nombre de variétés de légumes et fruits ne sont pas commercialisées, car elles sont jugées trop peu rentables par l’industrie agroalimentaire. La permaculture permet de les faire revivre et d’en redécouvrir les saveurs. Saviez-vous, par exemple, que la gamme de couleurs des carottes va du jaune au rouge foncé ? Pourtant, dans les commerces de grande distribution, les seules que l’on peut trouver sont de couleur orange. Il faut aller dans les magasins spécialisés ou bio pour pouvoir déguster les variétés plus rares et l’on n’en trouve pas systématiquement.

Les passionnés pourront également adopter les méthodes d’association entre les variétés qu’ils sèment. Il faut savoir que certains végétaux « voisinent » entre eux de façon bénéfique, tandis que d’autres, au contraire, ne copinent pas. Si votre production n’est pas aussi bonne qu’espérée, c’en est peut-être la raison… Les tomates, par exemple, font bon ménage avec les liliacées (oignons, ail, échalottes...). Les cucurbitacées avec les légumineuses, qui elles-mêmes, auront leur place à côté des brassicacées. Les oeillets d’Inde sont des fleurs décoratives, qui ont la particularité de repousser les pucerons... Et ainsi de suite.

 

Pour conclure, le niveau « expert » va consister à concevoir son jardin comme un architecte paysager. Mais là, je ne suis plus au niveau et je préfère laisser la parole à un spécialiste : voici le lien d’une conférence en trois parties, qui présente les multiples possibilités de la permaculture, lorsque ses différentes techniques sont bien maîtrisées.

Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=sUPR6Pr03l4

Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=jzAwhXoRPzs

Partie 3 : https://www.youtube.com/watch?v=LFpEQzNdXKY

Un carré de tomates. Au pied, de la paille.

Des potirons qui ne sont pas encore à maturité... Et des herbes folles au milieu !

Tout peut pousser en permaculture. Ici, du maïs... (la terre nue que l'on aperçoit est dûe au piétinement)

Le pêcher est encore trop jeune pour produire des fruits.

Une réserve de copeaux de bois. Un broyeur a toute sa place parmi les outils.

Une haie de tournesols. En fond, le clocher de Pérouges.

Les photos qui illustrent cet article ont été prises au jardin de la Ferme de Pérouges, un espace qui accueille plusieurs associations créatives.