Note de lecture

Instants de ville - Recueil de textes de Stéphane Olivier, aux Editions Kirographaire

 

Stéphane Olivier est écrivain et conteur. Il fait la démonstration de ce savoir-faire dans cet ouvrage sobre, mais intense.

Pour comprendre ce recueil de textes courts, il suffit d’aller dans une ville, de s’asseoir et observer ce qui se passe autour de soi. Une multitude d’historiettes se déroulent sous nos yeux de témoin passif. La plupart sont, partiellement ou totalement, incompréhensibles. Puis soudain, un éclair de lumière et, à un instant précis, on appréhende le sens d’une saynète dans sa globalité fugace.

C’est ce que fait Stéphane Olivier, avec l’art et la manière dans le rendu. Dans le métro, dans les bars, dans les parcs, dans la rue… Il attrape un moment, clic ! Comme on prend un instantané en appuyant sur le déclencheur. Puis il le développe, le restitue. Quelques mots particulièrement bien choisis et agencés, parfois une interprétation hardie ou une extrapolation selon l’inspiration, une chute inattendue… Et une scène, qui était par essence éphémère et volatile se retrouve, sinon gravée dans le marbre, du moins transcrite sur le papier, à la postérité… C’était une scène comme il y en a des millions chaque jour, il en fait une scène unique qui possède un sens, en-dehors de tout contexte hormis celui de la rue où elle s’est déroulée.

 

 

Extrait (p.38) :

 

« Lire

Le métro, bondé. La foule, sardine-en-boîtée. Accélérations et freinages de la rame, flux et reflux des corps. Avant, arrière. Parfois les pieds ne touchent plus le sol. Parfois, toute mobilité autonome est impossible.

Les mouvements interdits par le mouvement !

Tête baissée, yeux plissés, sourcils froncés, elle lit. Livre tenu serré à hauteur de vision. Ballotée, tiraillée, comprimée, elle lit. Et elle reste attentive, concentrée, envoûtée.

Arrêt à la station. Mécaniquement, maillon qui trouve sa place dans la multitude rampant hors de la voiture, elle sort et avance sur le quai, regard rivé sur son recueil, insensible à la bousculade des entrants et des sortants.

J’ai pu apercevoir le titre de l’ouvrage : La solitude du vainqueur. »

 

 

On a parfois pu entendre certaine personne, sensée être cultivée et faisant partie de l’élite, prétendre que « dans les gares, on croise des gens qui ne sont rien. »

Si je peux me permettre, l’auteur démontre ici que personne n’est rien. Pour s’en apercevoir, il suffit de regarder avec le bon œil. Il applique la méthode de tous les artistes, que Coluche expliquait avec ces mots si simples : « Pour comprendre les gens, il faut les observer. Et pour les observer, il faut les aimer. »

 

Retrouver le site de l'auteur à cette adresse : http://stephaneolivier9.wixsite.com/solivierconteur