Visites guidées et vélo taxi à Lyon
Nous allons aborder, non pas tant la fête des lumières en elle-même, mais plutôt l’histoire qui a conduit a son existence.
Mais avant toute chose, il serait intéressant de commencer cette présentation en évoquant Jean-Baptiste Goiffon… On peut voir son effigie, actuellement, Place Bellecour : des façades d’immeubles y sont restaurées et les travaux sont masqués par d’immenses bâches, tendues du haut en bas des échafaudages. Des publicités figurent dessus : un emplacement de choix pour des grandes marques qui veulent entretenir leur prestige et un revenu non négligeable, qui sert à financer une partie de la restauration. Dans un coin de la bâche, une fenêtre peinte en trompe-l’œil, où l'on peut voir ce personnage.
Il n’a pas de lien direct avec la fête en elle-même. Mais ce texte est rédigé pendant le confinement du printemps 2020, exigé en raison de la pandémie de Coronavirus.
Or, Jean-Baptiste Goiffon fut un médecin éclairé, qui s’est distingué, notamment, pendant une autre épidémie : la peste de 1720/1721. Signalons au passage qu’il était originaire de Cerdon, dans le département de l’Ain...
Citons Wikipedia : « Il se fait particulièrement remarquer lors de la grande peste de Marseille de 1720-1721. Il développe alors une théorie de contagion de la peste soutenant contre l'avis général qu’elle se propage par des petits vers ou insectes invisibles avec les microscopes de l’époque. Il contribue ensuite à la protection de la ville de Lyon contre l'épidémie au sein du Bureau de Santé. »
Pour le reste de son histoire, je renvoie au lien Wikipedia, puisque ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Goiffon
Notons aussi qu’il a préfacé un ouvrage intitulé Observations faites sur la peste qui règne à présent à Marseille et dans la Provence , qu’il est possible de télécharger sur le site de la BNF : https://data.bnf.fr/fr/10568116/jean_baptiste_goiffon/
Venons-en au sujet en lui-même :
La fête des lumières de Lyon se déroule sur 4 jours autour du 8 décembre, chaque année. Des spectacles peuvent y être admirés à tous les coins de rue : projections/animations sur les façades, œuvres lumineuses fixes ou mouvantes, de toutes tailles… La ville entière est transformée en salle de spectacle. Un immense périmètre autour du centre ville est rendu uniquement piéton. Et pour cause : la foule qui déambule est tellement dense qu’il serait impossible (et dangereux !) pour quelque véhicule que ce soit de se déplacer. Il est difficile de donner un chiffre précis de fréquentation. Selon le magazine Ca m’intéresse : « Son succès est indéniable avec 4 millions de participants environ à chaque édition. Ce chiffre en fait le quatrième événement festif au monde en terme d’affluence, après le pèlerinage dans le Gange, le Carnaval de Rio et l’Oktoberfest à Munich. » (https://www.caminteresse.fr/culture/quelle-est-lorigine-de-la-fete-des-lumieres-1174863/)
Le 8 décembre est le jour de la fête des lumières. Traditionnellement, ce jour-là, les lyonnais illuminent leurs fenêtres avec des lampions. En 1989, la municipalité de Michel Noir inaugure l’éclairage de plusieurs monuments à cette occasion. En 1999, la fête prend de l’ampleur et des animations commencent à être projetées. Le succès aidant, elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui : 4 jours de festivités qui attirent un public venu de tous les points du globe.
Mais ne perdons pas de vue qu'une tradition a toujours une signification, une raison d'être. Comment en sommes-nous arrivés là et quel est le sens de la fête, exactement ?
Les lampions aux fenêtres sont un remerciement à Marie. La ville de Lyon a toujours célébré un culte à la vierge. Peut-être parce que Pothin, en arrivant à Lyon (qui s’appelait encore Lugdunum), aurait apporté avec lui une représentation de la mère du Christ…
Reprenons au début, mais cet épisode nécessite beaucoup de prudence, autrement dit : l’utilisation du conditionnel et beaucoup de « peut-être ».
Nous sommes au début de l’ère chrétienne, IIe siècle après JC. La prestigieuse dynastie des Antonins règne sur l’empire romain. Le culte officiel et principal est celui de l’empereur, qui est vénéré comme un Dieu. Bien sûr, il existe aussi tout le panthéon des divinités romaines (Jupiter, Neptune, Saturne, Vénus, Mars…), mais il est possible de constater une certaine lassitude à leur égard, probablement parce qu’ils n’offrent plus une réponse assez satisfaisante aux questionnements, interrogations et angoisses du peuple. Il est constaté, en revanche, une recrudescence de l’intérêt pour les croyances orientales : notamment Cybèle, Mithra et Isis (ce dernier culte n’étant pas signalé à Lyon).
C’est dans ce contexte que le christianisme va s’implanter en Gaule. A Lugdunum, ainsi qu’à Vienne, vivent des chrétiens. Isolés, en petites communautés ? En tout cas, ils passent très certainement inaperçus aux yeux de la majorité. Ils viennent surtout de l’orient hellénique. Des marchands grecs, mais surtout syriens vendaient leurs produits orientaux, très recherchés, en accostant au port de Marseille et remontant le Rhône. Un besoin s’est peut-être fait sentir : coordonner et organiser la communauté ? En tout cas, aux environs de 150/160 ap. JC, Pothin arrive à Lugdunum. Il est envoyé par Polycarpe, disciple de Saint Jean l’évangéliste. Il est originaire de Smyrne et son nom est d’origine grecque, signifiant « Désiré ». Il devient le premier évêque de Lyon et de Gaule et le sera encore pendant une vingtaine d’année. Il fut martyrisé avec la majeure partie de sa communauté en 177 . Martyr dont Lyon a surtout retenu le nom de Blandine, devenue, par la suite, la patronne de la ville. Irénée, quant à lui, était en voyage au moment des faits. Il reprit le flambeau de Saint Pothin à son retour.
Saint Pothin aurait donc apporté avec lui une représentation figurative de la mère du Christ, qu’il aurait placé dans une grotte où était célébrés les offices.
L’emplacement de cette grotte a longtemps été estimé à l’emplacement de l’actuelle église St-Nizier, dans la crypte. Cette hypothèse, aujourd’hui, n’a plus l’approbation des historiens. Il faut en effet considérer que cette église est située sur la presqu’île, qui n’a pas toujours été telle qu’on la connaît. La confluence entre Rhône et Saône se faisait à l’époque au pied de la colline de la Croix-rousse (qui portait alors le nom de « Mont Sauvage »). L’actuelle confluence se trouve aujourd’hui à 4 km de ce même point.
La presqu’île n’était alors qu’une succession d'îles, marécageuses et inondables. Les romains ont essayé d’y installer des structures (que l’archéologie a retrouvé et appelé « le camp de Canabae ». On peut en voir une tentative de restitution sur la photo ci-dessus). Mais l'occupation n’a pas duré, probablement en raison des inondations trop fréquentes.
Au fil des siècles, la ville a gagné du terrain en assainissant et rendant viables des terres qui ne l’étaient pas.
Il est difficile de démêler le vrai du faux lorsqu’on parle de cette époque. Et puisqu’il n’est pas prévu de détruire l’église Saint Nizier dans le but d’y faire des fouilles, l’incertitude ne sera probablement jamais levée. Car je n’ai, en ce qui me concerne, encore pas entendu parler d’un autre endroit possible.
Quoiqu’il en soit et quel que soit le lieu exact, nous avons là une origine probable du culte que la ville de Lyon rend à Marie.
Au Moyen-âge, une église lui a été édifiée au sommet de la colline de Fourvière.
En 1562, elle est saccagée lorsque les protestants prennent la ville, pendant les guerres de religion.
Elle fut ensuite restaurée et régulièrement, les notables et échevins viennent y faire des vœux, en particulier à l’occasion des épidémies.
En 1643, on assiste au retour de la peste. Il semble qu’à Marseille, des marins n’auraient pas été mis en quarantaine, alors qu’il aurait fallu… La peste se propage dans le sud de la France et à Lyon, on s’inquiète. Les échevins retourne rendre visite à Marie, dans son église et font le vœu de lui rendre un culte annuel si Lyon est épargné.
La peste n’arrive pas jusqu’à Lyon, miracle mis sur le compte de ce vœu. Il est alors décidé de rendre ce culte à la vierge le 8 septembre de chaque année, jour de sa nativité.
Il consiste en une procession, qui monte jusqu’à l’église située au sommet de Fourvière, en partant de la cathédrale Saint Jean, tandis que des festivités se tiennent à la lueur des flambeaux.
J’ouvre une parenthèse ici pour signaler une petite erreur dans l’article Ca m’interesse, dont je communique le lien plus haut.
Il est dit « Miracle, l’épidémie cesse. A partir de là, chaque 8 septembre, un cortège se rend à la basilique de Notre-Dame de Fourvière. »
Il ne s’agit pas de la basilique, puisqu’elle fut construite à la fin du XIXe siècle (de 1872 à 1884), mais de la chapelle Saint-Thomas. Elle se trouve à côté et est surmontée, aujourd’hui, d’une statue dorée de la vierge : cet édifice fut fondé au milieu du Moyen-âge pour y honorer Saint Thomas de Cantorbury. Très rapidement, bien que le nom ait été conservé, c’est la vierge qui y fut célébré.
« Quel rapport avec le 8 décembre », me direz-vous ?
L’histoire n’est pas terminée, nous y venons. Et la statue dorée présente un rapport direct avec cette date :
En 1850, Saint Thomas subit une restauration. A cette occasion, une statue est commandée, via un concours lancé par les autorités lyonnaises. Elle devra prendre place au sommet du nouveau clocher.
En 1852, la statue est prête. Son inauguration doit avoir lieu le 8 septembre de cette même année, pour la fête. Mais une crue de la Saône empêche sa livraison. L’archevêché décide alors de repousser la date au 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception (cette fête, célébrée dès le IVe siècle, ne sera officialisée que deux ans plus tard, en 1854, par une bulle du pape Pie IX).
Las ! Ce jour-là, la statue est installée, mais des pluies diluviennes poussent les autorités à reporter la fête une nouvelle fois.
Cependant, les lyonnais n’ont pas dit leur dernier mot. Cette fête était très attendue. Lorsque le soir, la pluie cesse de tomber, ils sortent spontanément, dans un mouvement populaire. Les bougies, qui étaient prêtes, sont posées sur les fenêtres. Le peuple est dans la rue et la liesse est là.
La fête des lumières est née, le clergé renonce à choisir
une nouvelle date. Le 8 décembre 1852 marque le départ d’une belle aventure collective. Aujourd’hui, l’aspect religieux s’est quelque peu effacé pour laisser la place à un aspect plus spectaculaire et commercial.
Dans la ville, la polémique n’est pas prêt de s’arrêter autour du sujet. Il n’en reste pas moins un constat indéniable : le succès est présent chaque année. L'émerveillement aussi.
Derniers commentaires
11.09 | 20:01
Merci à Marc pour cette visite vidéo de la cathédrale Saint Jean. Le fond musical est bien choisi.
11.09 | 19:48
Nous avons fait un super tour de La ville de Lyon en vélo taxi. Notre guide Marc a une très bonne connaissance en histoire. Nous avons appris beaucoup. 😊 Je recommande.
17.08 | 16:20
Très intéressant tour instructive avec Marc samedi passe!
10.08 | 13:19
Très bonne découverte de Lyon avec Marc.
Agréable et très intéressant, il nous a appris beaucoup de choses sur l'histoire de cette belle ville