L'épopée cathare 1/4

L'épopée cathare

1 - La religion, son origine, ses pratiques

Du terme touristique à son sens profond

Mais qu’est-ce que le catharisme ? Ce mot est devenu aujourd’hui un fourre-tout. Il faut le débroussailler un peu avant de découvrir une histoire riche d’enseignements, à la fois captivante, sombre et tumultueuse.

Ce terme a été érigé en étendard touristico-commercial. Il arrive, par exemple, que l’on trouve, dans les échoppes de souvenirs, des figurines de chevaliers. Elles sont équipées d’un heaume, leur tunique est garnie de La Croix templière et elles sont vendues sous l'étiquette « chevalier cathare »… La réalité historique est, ici, jetée aux oubliettes, vous l’avez compris. Mais cette ironie en cache une autre, plus vaste…
Ce terme désigne une religion dualiste, c’est-à-dire une religion qui traite le problème de l'opposition bien/mal différemment des autres. Elle oppose ces deux grands principes en mettant à leur tête deux forces supérieures : un "dieu du bien" et un "dieu du mal" qui s’affrontent. Contrairement à la religion catholique, qui considère le diable comme un ange déchu et donc inférieur à l'être suprême, elle les met sur le même pied d’égalite. Le Dieu du bien règne sur le monde immatériel. Tandis que le monde matériel est l’oeuvre du dieu du mal, duquel il est maître. Ce monde est corruptible et périssable… Toutes choses dont le monde spirituel est exempt. En effet, le dieu du mal ne sait rien faire de parfait…

 

Origines

On trouve les origines du dualisme en Asie, dans le Mazdéisme, une ancienne religion perse (l'Iran actuel). Elle fut réformée par Zoroastre (ou Zaratoustra) qui prêchait une religion monothéiste avec une philosophie dualiste. On ignore l'époque exacte du personnage, VIIe ou VIe siécle avant J.-C.

On retrouve le dualisme dans le manichéisme. Cette religion est fondée par Manès en Mésopotamie (l'Irak, voisine à l'Ouest de la perse) au IIIe siècle de notre ère. Elle est à l'origine de notre terme "manichéen", peut-être un peu réducteur aujourd'hui. Puis avec les Pauliciens, qui furent nombreux au VIe siècle de l'Arménie aux Balkans. Plus tard, ce fut la religion des Bogomiles, en Europe de l’est (Bulgarie, Xe siècle).
On le retrouve enfin sous la forme « cathare », en région occitane, aux XIe-XIIIe siècles. Mais aussi dans d’autres foyers européens : la croyance se développe d'abord en Italie, en Suisse (les Vaudois), puis dans le nord de la France et enfin en Occitanie où elle va s'enraciner sous la protection des seigneurs locaux.
Ces différentes religions ont un autre point commun : elles furent toutes persécutées et réprimées dans le sang.

 

Une pratique ascétique

Le catharisme est une hérésie chretienne, au plein sens du terme qui signifie « faire un autre choix ». En effet, la croyance est la même, à la base, mais les cathares croient en Dieu et Jésus d’une manière différente. Ils ne reconnaissent que l’évangile de Saint Jean et non les autres. Ils n’adorent pas La Croix, la considérant plutôt comme le symbole de la cruauté humaine. Mieux : ils considèrent que l’ancien testament est l'apologie du Dieu du mal et que c'est lui qui s'y exprime. Ils ne pratiquent qu’un seul sacrement : le « consolamentum » qui consiste à faire une imposition des mains pour le baptême qui accueille le nouveau religieux dans la communauté, ou encore à l’heure de la mort, pour le simple croyant.
Ils croient à la réincarnation : chaque être vivant sur terre accueille l’âme d’un ange, faite prisonnière dans son enveloppe corporelle par le dieu mauvais. Cette âme est réincarnée indéfiniment sur cet enfer qu’est la terre. Le moyen de s’en échapper et de rejoindre le monde d’où elle vient est de se purifier, réincarnation après réincarnation, en menant une vie ascétique.

C’est donc ce que font les religieux « cathares ». Leur vie est encadrée de règles strictes : ascétisme sexuel, évidemment, mais aussi matériel, en menant une vie de pauvreté. Ils s’habillent de vêtements sobres et noirs. Leur régime alimentaire est à cette image. La viande n’est pas admise à l’exception du poisson, car chaque animal contient l’âme d’un ange…
Femmes et hommes sont considérés sur un pied d'égalité. Rien n’interdit aux femmes d’accéder aux responsabilités hiérarchique de leur communauté religieuse. Ils travaillent, pour vivre du produit de leurs créations et ne prélèvent pas de taxe sur le peuple. Ils sont parfois appelés « tisserands ».
Ils vivent et se déplacent généralement par deux, pour s’éviter mutuellement les diverses tentations de la vie. Ils parcourent le territoire à pied ou à dos d’âne et prêchent en occitan…
Tout ceci à une époque où le clergé catholique vit, dans les grands pôles, une vie de débauche luxueuse, prêche dans un latin incompréhensible pour le peuple et dont les écarts sont connus de tous : Rome était, de ce siècle, la ville où les femmes était le moins en sécurité…
Un décalage qui attirait la sympathie, à la fois des puissants qui leur offrait leur protection, et du peuple, qui désertait les églises dans les régions où ils se sont développés.
Nous en arrivons à l’ironie dont il est question plus haut. Ces religieux se nommaient eux-mêmes les « bons hommes », ou encore les « bons chrétiens ». Le nom « cathares » (du grec qui veut dire « purs ») leur a été attribué par leurs adversaires catholiques. Une tentative de les tourner en dérision qui a fini par rester leur appellation courante aux yeux de tous...

Derniers commentaires

11.09 | 20:01

Merci à Marc pour cette visite vidéo de la cathédrale Saint Jean. Le fond musical est bien choisi.

11.09 | 19:48

Nous avons fait un super tour de La ville de Lyon en vélo taxi. Notre guide Marc a une très bonne connaissance en histoire. Nous avons appris beaucoup. 😊 Je recommande.

17.08 | 16:20

Très intéressant tour instructive avec Marc samedi passe!

10.08 | 13:19

Très bonne découverte de Lyon avec Marc.
Agréable et très intéressant, il nous a appris beaucoup de choses sur l'histoire de cette belle ville

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