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3 - la croisade contre les albigeois
L’étincelle dans le baril de poudre
L’antagonisme décrit plus haut s’achemine lentement, mais inexorablement, vers un affrontement armé. Il va prendre la forme d’une croisade, qu’il ne faut pas confondre avec les croisades en terre sainte. Celle-ci se déroule en Europe et prend le nom de « croisade contre les albigeois ».
Le camp catholique a maintes fois condamné l’hérésie et y voit la main du diable qui s’étend sur l’Occitanie. Le camp cathare éprouve du mépris pour la croyance « catholique romaine » et n’a pas l’intention de se convertir. Pire : les bûchers allumés par ces étrangers qui adorent une croix sont autant de provocations au sein de leur propre pays.
Pierre de Castelnau est moine à l’abbaye cistercienne de Fontfroide lorsque le pape Innocent III, en 1203, en fait son légat en pays occitan. Il est chargé de ramener le peuple sur le droit chemin. Il prêche, accompagné d’Arnaud-Amaury, abbé de Cîteaux et de Raoul de Fontfroide. En 1207, le colloque de Pamiers se tient, comme on l’a vu précédemment. Face à la mauvaise volonté du comte de Toulouse (Raymond VI), Pierre de Castelnau décide de l’excommunier. Le 15 janvier 1208, il est assassiné à Saint-Gilles, par l’écuyer du comte.
Pour Innocent III, c’en est trop : il veut la croisade. Il en appelle au roi Philippe II Auguste pour que l’ost soit levé. Ce roi est fin stratège, mais peu belliqueux. Il était déjà revenu rapidement de la 3e croisade en terre sainte (1188-1192), laissant notamment Richard Cœur de Lion, son homologue anglais, se battre contre les sarrasins (et accessoirement, être prisonnier, comme le raconte l’œuvre romanesque « Robin des bois »…) Dans le même esprit, il obtempère mais refuse le commandement de l’ost, pour lui comme pour son fils, le futur Louis VIII.
Entre-temps, la 4e croisade a eu lieu (1199-1204). Il s’agit de la croisade qui fut détournée par les vénitiens vers Zara (aujourd’hui Zadar en Croatie), puis vers Constantinople, conduisant à sa prise. Parmi les croisés, certains se refusèrent à attaquer Zara, cité chrétienne. Dont un certain Simon de Montfort. C’est à lui qu’est confié le commandement de la croisade en Occitanie. Il la dirige avec Arnaud-Amaury, devenu légat du pape, qui en est le chef religieux.
Elle se déroule en trois temps distincts.
La croisade de Simon de Montfort
L’ost se réunit dans le lyonnais au printemps 1209. Les grands vassaux du roi répondent présent pour les 40 jours qu’ils doivent à leur suzerain. Raymond VI de Toulouse en fait partie. A la fin de l’année 1208, il a rencontré le roi pour plaider sa cause. Le pape lui a alors indiqué la marche à suivre pour être absout : serments, pénitences... et 7 châteaux lui appartenant sont remis à l’Église. A la suite de quoi, il demande à prendre la croix. Cependant, il va rester passif tout au long de sa quarantaine, ce qui le conduira à être excommunié une seconde foi.
La « croisade des barons » se met en route le 25 juin (15 à 20 000 hommes) et fait la jonction avec le comte de Toulouse, parti à sa rencontre, le 2 juillet à Valence. Le 21 juillet, elle est devant Béziers. Dès le lendemain, la ville est prise, par accident. Une sortie des assiégés se solde par un échec. Lors du reflux, les portes ne peuvent être fermées assez tôt et les routiers qui les poursuivent entrent. Les barons s’en aperçoivent et profitent de l’aubaine. La ville est mise à sac et sa population (environ 20 000 habitants ?), massacrée. On prête une fameuse réplique à Arnaud-Amaury, en réponse à une question qui demandait comment distinguer les chrétiens des cathares : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! »
Cette défaite cinglante est le prélude d’une avancée fulgurante et de nombreuses places sont prises : Saissac, Fanjeaux, Limoux, Preixan, Castres… Narbonne se soumet le 24 juillet et Carcassonne se rend presque dès le début de son siège, le 15 août. Raymond-Roger Trencavel est enfermé dans une de ses tours et Simon de Montfort devient vicomte de Carcassonne à sa place.
Fin août, la quasi-totalité des barons abandonne la croisade, ayant fini leur quarantaine. A l’automne, l’armée de Montfort se voit réduite à une trentaine de chevaliers et environ 5000 hommes. Il soumet encore Lombers et Albi. Mais le comte de Foix, qui avait fait alliance, se retourne contre lui et lui inflige son premier revers à Fanjeaux.
En novembre, Trencavel meurt dans sa geôle. Pierre II, roi d’Aragon et suzerain de Carcassonne, refuse l’hommage de Montfort, son nouveau vicomte… En décembre, les populations se soulèvent. Des chevaliers tombent dans des embuscades, des garnisons entières sont massacrées. Montfort perd beaucoup de places fortes et lance un appel à l’aide au pape, qui lui promet des renforts.
Ils arrivent en mars 1210, conduits par Alix de Montmorency, comtesse de Montfort. Simon reprend sa guerre de conquête. En juin, le siège de Minerve est un succès. Environ 150 parfaits périssent sur un bûcher pour avoir refusé la conversion. En août, c’est le tour de Termes. Guillaume de Termes, fait prisonnier, mourra dans sa geôle 3 ans plus tard. En novembre, Puivert se rend après 3 jours de siège. A la fin de l’année, Montfort a récupéré toutes ses places et a même élargi ses conquêtes. Mais les rencontres avec les protagonistes locaux (Raymond VI, Raymond-Roger de Foix, Pierre II d’Aragon) se soldent par des échecs. Raymond VI est même excommunié une troisième fois.
Durant les années qui suivent, la situation politique reste compliquée : en 1211, Pierre II finit par céder aux pressions des légats du pape et accepte à contre-coeur l’hommage de Montfort. Mais Simon rompra ses liens de vassalité avec lui en 1213, après que Pierre II ait pris Raymond VI sous son aile en acceptant son hommage, ainsi que les autres suzerains occitans : les comte de Comminges, de Foix et le vicomte de Béarn.
Début 1213, Innocent III retire son soutien à Montfort. Dans une lettre, il lui ordonne d’arrêter la croisade et l’accuse d’exactions contre les bons chrétiens. Il ordonne également la restitution des terres injustement conquises. Des dissensions sont apparues par ailleurs, dès l’année précédente, entre Arnaud Amaury et Montfort. Amaury s’est fait ambitieux et, déjà archevêque de Narbonne, s’est octroyé le titre de Duc. Montfort ayant des vues sur cette ville, l’affaire sera tranchée en 1215. C’est finalement au nouveau légat Pierre de Bénévent que reviendra le « duché » .
Plus tard, En 1216, elles iront jusqu’à l’excommunication de Montfort prononcée par Amaury, lorsque ce dernier entrera dans Narbonne et usurpera le titre de Duc ! Ce qui ne l’empêchera pas de rendre hommage au roi pour Narbonne et Carcassonne, au mois de mai de la même année...
Mais revenons en 1213 : dès le mois de janvier, Montfort reçoit le soutien de Louis, prince héritier de France, qui prend la croix. Et le pape relance la croisade au mois de mai, sous la pression des croisés.
L’opposition féodale et populaire occitane est importante. Cependant, Raymond VI fait parfois défaut lorsqu’il faut soutenir une forteresse qui résiste. Il faut constater, tout au long de ces évènements, une très mauvaise coordination entre les seigneurs locaux. Les occitans connaissent quelques victoires : en 1211, 1500 hommes de renfort arrivés d’Allemagne tombent dans une embuscade et sont exterminés. Scénario similaire en octobre 1212. En février 1214, Jean sans terre débarque à La Rochelle et des châteaux soumis à Montfort décident de lui rendre hommage. Cet épisode n’est pas anodin : en décembre 1213, Raymond VI, son ex-beau-frère, lui avait rendu visite à Londres. Mais Jean va être battu en Juillet par Philippe Auguste, à Bouvines. On peut compter quelques autres succès.
Ce qui n’empêche pas la croisade de Montfort, cependant, de faire figure de déferlante sur le Languedoc. Et il dresse des bûchers. En mai 1211, entre 300 et 400 cathares sont brûlés à Lavaur et environ 90 à Cassès. Ses victoires amènent Toulouse à être totalement isolée dès 1212. En 1213, les croisés remportent une bataille décisive à Muret, contre l’armée Aragonaise de Pierre II, coalisée à celle des seigneurs occitans. Le rapport des forces était pourtant de 10 contre 1 en défaveur des croisés. Pierre II est tué dans la bataille. En 1214, Montfort conquiert le Quercy, le Périgord, l’Agenais, le Rouergue. En juin 1215, il entre dans Toulouse, accompagné du prince héritier Louis. Il se voit remettre toutes les possessions de Raymond VI, lors du concile de Latran, qui se tient à partir de novembre. Le comte Raymond s’exile à Gênes. C’est l’année du couronnement de tous ses efforts (ou faut-il dire ses exactions?)
Mais dans le pays, le peuple gronde et la révolte couve.
Raymond revient rapidement avec son fils, Raymond le jeune. ils débarquent à Marseille en début d’année 1216. Puis ils œuvrent pour rallier des villes à leur cause : Avignon, Marseille, Tarascon, Pierrelatte… et bien d’autres, ainsi que des faydits et des grands vassaux.
Le 18 juillet, Honorius III devient pape : Innocent III vient de mourir. Le 19 juillet, Montfort se déclare marquis de Provence.
En septembre, Toulouse se soulève. Révolte réprimée sévèrement par le nouveau comte, qui en fait ensuite démolir les remparts et les maisons fortes.
Début 1217, le comte de Foix est en voie de réconciliation avec Rome. Montfort s’interpose et, faisant fi des ordres du pape, prend Montgrenier (Montgailhard), dont le comte avait fait sa résidence militaire depuis la confiscation de ses bien par l’Église. Puis, il fait occuper le château de Foix et ravage la contrée.
A la fin de l’été, Raymond VI finit de rallier les ennemis des croisés à la conférence de Saint-Lizier. Montgrenier est repris, Peyrepertuse revient dans le camp occitan. A la mi-septembre, Raymond VI entre dans Toulouse en libérateur et le peuple commence à reconstruire les fortifications. Le siège de Toulouse commence début octobre, à l’arrivée de Montfort. Le comte de Foix arrive en renfort le même mois, son armée renforcée de nombreux chevaliers de plusieurs origines. Les renforts croisés n’arrivent qu’en avril 1218. Raymond le jeune arrive à son tour le 6 juin.
Les différentes sorties et tentatives des deux camps ont échoué lorsque, le 25 juin 1218, Simon de Montfort meurt. Il est frappé à la tête par le projectile d’une pierrière, dont la légende dit qu’elle était manœuvrée par des femmes.
Le répit
La mort de Simon va marquer un arrêt presque net dans la progression croisée. Son frère Guy, ses fils Amaury et Guy, ne possèdent pas son envergure militaire. Le siège de Toulouse est levé dès la fin juillet. Dans les mois qui suivent, ils vont piétiner sur place malgré l’appel d’Honorius III, auquel répondra le prince héritier Louis. Son arrivée permet de prendre Marmande, assiégée depuis 6 mois par Amaury. Mais il se casse les dents sur Toulouse et rentre à Paris en août.
Dès lors, les comtes de Toulouse et de Foix vont reconquérir le terrain et faire reculer Amaury sur tous les fronts, jusqu’en 1222. Les parfaits recommencent à prêcher. Les bûchers ont fabriqués des martyrs qui assoient la position du clergé cathare. Amaury, aux abois, est toujours officiellement le détenteur des titres de son père. Pour obliger le roi Philippe Auguste à intervenir, et soutenu par le pape, il lui fait don du Languedoc. Côté Toulousain, Raymond le jeune a pris les rênes depuis quelques temps, sont père étant probablement affaibli par l’âge : il meurt au mois d’août. Devenu Raymond VII, il offre au roi de France de devenir son vassal. Sans trancher entièrement, le roi rejette l’offre d’Amaury. La conférence de Sens, en juillet 1223, aurait peut-être résolu le problème, si Philippe auguste avait pu s’y rendre. Mais il meurt peu de temps avant, le 14 juillet.
En janvier 1224, Amaury signe l’armistice face aux nouveaux comtes de Foix et de Toulouse (Raymond-Roger est mort également, en mars 1223). Il repart avec les derniers croisés et le corps de son père vers la France, non sans avoir tenté de leur faire jurer de combattre l’hérésie… Raymond Trencavel (fils) retrouve le fief de Carcassonne. Il s’entoure de faydits.
A cette date, on compte environ 1000 parfaits cathares qui prêchent à travers le pays.
En 1226, Raymond VII est excommunié à son tour. Le nouveau roi Louis VIII reprend la croisade à la demande du pape, non sans tractations politiques, juridiques et financières. A cette annonce, de nombreuses villes du Languedoc se rallient à lui. En descendant la vallée du Rhône avec son armée, il se retrouve bloqué devant Avignon qui lui ferme ses portes. Pour mettre le siège devant la ville, il lui faut l’accord du pape : L’empereur Frédéric II considère Avignon comme faisant partie de l’Empire… Il prend la ville au bout de 3 mois de siège. Son armée a subit de très grosses pertes. Lui-même est malade et affaibli. Il poursuit son chemin et rallie encore d’autres villes sur son passage, mais ne mène plus aucune bataille et ne tente rien contre Toulouse. Il meurt en Auvergne, en novembre 1226, sur le chemin du retour.
En 1227, l’armée royale reste cependant sur place. Le sénéchal Humbert de Beaujeu en a pris le commandement. A Paris, Louis IX est trop jeune pour régner et Blanche de Castille, sa mère et veuve de Louis VIII, assure la régence. La même année, Honorius III meurt et Grégoire IX devient pape.
Dans le Languedoc, les occitans mènent une guerre incessante contre les places fortes tenues par des garnisons royales : Limoux, Cabaret, Labécède, Puylaurens, Castelsarrasin…
En 1228, Raymond VII remporte quelques victoires, mais Humbert de Beaujeu est toujours présent et ravage le pays Toulousain. La contrée est à feu et à sang depuis trop longtemps : la nécessité de faire la paix devient une évidence.
En janvier 1229 se tient la conférence de Meaux où est rédigé le traité qui sera signé à Paris en avril : Raymond VII doit faire pénitence devant le jeune Louis IX et sa mère Blanche. En l’occurence, être flagellé en place publique pour punition de ses errements… Le traité est très contraignant à son égard. Il s’engage à rester fidèle au roi et à l’Église, ainsi qu’à purger son pays de l’hérésie ; à verser des indemnités importantes à l’église et aux différentes abbayes du Languedoc ; à prendre la croix et servir 5 ans en Palestine ; à voir le comté de Toulouse réduit de deux-tiers, etc.
Au mois de juin, c’est le comte de Foix qui se soumet. En novembre, c’est la naissance de l’inquisition au concile de Toulouse. Elle est placée sous l’autorité des évêques locaux.
Montségur est désormais la principale place forte cathare.
Parmi les personnages principaux de ce camp, on compte Guilhabert de Castres, prêcheur célèbre et l’un des principaux diacres cathares ; Raymond de Péreille, seigneur de Montségur ; Sa femme Esclarmonde de Foix, sœur de Raymond-Roger et convertie parfaite (ainsi que la belle-mère et la fille de Pereille) ; Pierre-Roger de Mirepoix, gendre de Pereille et son fidèle allié ; Sicard de Puylaurens ; Olivier de Termes ; Chabert de Barbeira, au château de Quéribus. Et toujours Raymond VII, dont la conversion n’est pas vraiment sincère, mais qui a désormais beaucoup moins de marge de manœuvre.
La chute de Montségur et la fin d’une époque
En 1231, Grégoire IX confirme les dispositions du concile de Toulouse. Notamment les peines : la prison à perpétuité pour l’hérétique repentant, le bûcher dans l’autre cas. Et l’excommunication pour ceux qui le fréquentaient. Au passage, il juge les évêques « trop timorés » pour cette tâche et il place l’inquisition directement sous l’autorité de Rome.
En avril 1233, la Sainte Inquisition est confiée aux Dominicains et des tribunaux fixes sont installés à Carcassonne et à Toulouse. Peu de temps après, les Franciscains leur sont adjoints et l’Inquisition devient omnipotente dans toute la chrétienté. Ses jugements sont sans appel. Une chasse sans pitié contre les hérétiques commence en Languedoc. Le but est d’éradiquer véritablement l’hérésie et les inquisiteurs s’y emploient avec beaucoup de zèle, ce qui les rend impopulaires. Les années qui vont de 1234 à 1239 voient plusieurs soulèvements contre eux : 2 dominicains sont jetés vifs dans un puits à Cordes, le couvent Dominicain de Narbonne est saccagé, les frères dominicains sont expulsés de Toulouse, Albi se révolte… Dans le même temps, 210 cathares brûlent à Moissac, d’autres sont exhumés à Albi, 183 tisserands sont brûlés dans la Marne (L’inquisition sévit encore dans le nord et en Allemagne)…
En 1240, Trencavel revient de son exil catalan. Il soulève les populations contre les français et met le siège devant Carcassonne pour tenter de la reprendre. Mais apprenant l’arrivée de l’armée royale en renfort, il lève le siège et se réfugie à Montréal, avant de retourner en exil. La répression est dure, plusieurs villes sont rasées ou doivent payer un lourd tribut. Olivier de Termes décide de prêter serment au roi. La rebellion cathare perd un grand combattant au profit de Louis IX : il se distinguera lors des dernières croisades en Palestine.
En 1241, Raymond VII met le siège devant Montségur pour donner le change au roi. Une mascarade menée sans conviction qui se solde rapidement par un échec.
Dans cette ambiance électrique, un commando de faydits, venu de Montségur, assassine à Avignonet 3 inquisiteurs et leur escorte, en mai 1242.
Le 6 juin, Raymond VII est excommunié une fois de plus et il reprend la guerre ouvertement contre le sénéchal de l’armée française à Carcassonne (Hugues des Arcis). L’année précécente, il s’est coalisé secrètement avec l’Angleterre, le comte de la Marche Hugues de Lusignan et Jacques d’Aragon. Mais l’anglais Henri III et Lusignan sont battus à Taillebourg et le comte de Foix se retourne contre Raymond VII lors du siège de Penne. Ce qui le conduit à demander la paix à nouveau, qui est signée à Lorris au début de l’année 1243.
Il ne reste que Montségur, Quéribus et quelques autres places fortes rebelles.
A Béziers se tient un concile, en avril 1243 qui décide de « couper la tête du dragon ». Le sénéchal, Hugues des Arcis, lève une armée et vient camper sous Montségur dès le mois de mai. Le siège est difficile : malgré une armée nombreuse (elle aurait atteint jusqu’à 10 000 combattants à certaines périodes), il est impossible de boucler complètement le pog. Les assiégés, connaissant parfaitement les lieux, gardent le contact avec l’extérieur tout au long du siège. L’endroit est très difficile d’accès et les français vont piétiner sans succès jusqu’à l’hiver, malgré de violents combats et de multiples escarmouches.
Mais Hugues des Arcis est tenace et rusé. En décembre 1243 ou janvier 1244, il fait escalader de nuit une falaise réputée infranchissable, par un commando d’alpinistes basques. Au sommet, ils se rendent maîtres du roc de la tour. Le siège tourne dès lors en sa faveur, car il est désormais possible de hisser un trébuchet en pièce détachée. Cet engin, d’une portée d’environ 200 mètres, peut devenir efficace depuis cet endroit, qui devient le point d’appui des attaquants. Ils peuvent alors progresser le long du pog, prenant le village et le château à revers.
En mars 1243, les assiégés obtiennent deux semaines de trêve en vue de la reddition. Plusieurs parfaits quittent secrètement le pog (entre 3 et 6, selon les sources), ce qui fait naître la légende du trésor cathare, « qu’ils auraient emportés à ce moment-là ». S'il a existé, le trésor a probablement été évacué plus tôt, au prix de grandes difficultés et peut-être de la complicité d'hommes du sénéchal, dès que les croisés ont pris pied sur le pog.
Raymond VII a promis des renforts, mais il n’est plus en mesure de les envoyer... Le 16 mars, Montségur capitule définitivement.
Sur les 360 occupants, plus de 200 sont brûlés sur le bûcher, allumé au pied du pog. La belle-mère, la femme et la fille de Raymond de Pereilhe en font partie.
Olivier de Termes obtient la reddition de Quéribus en 1255. Ce lieu étant quasiment imprenable, on peut se demander de quelle manière il s’y est pris face à Barbaira qui était, tout autant que lui, un combattant hors pair.
Dès lors, les derniers parfaits, n’ayant plus aucun refuge, doivent fuir en Espagne. L’inquisition les persécute sans relâche et le dernier parfait cathare connu, Guillaume Bélibaste, meurt sur le bûcher à Villerouge-Termenès, en 1321. On lui prête cette métaphore, qu’il aurait prononcé en 1309 : « Al cap dels sèt cent ans, verdejara lo laurèl ». Autrement dit : « Dans 700 ans, le laurier renaîtra... » En 1328, 510 cathares sont emmurés dans la grotte de Lombrives.
Le Languedoc est rattaché au royaume de France en 1271. Les principales forteresses cathares deviennent « les cinq fils de Carcassonne » (Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse, Puylaurens, et Termes), chargées de veiller sur la frontière Aragonaise.
Il aura fallu 3/4 de siècles pour mener à bien l’annexion française, dans un contexte de brutalité particulière. C’est sans doute la raison pour laquelle est née en Languedoc une certaine unité régionale, constatée dès les décennies qui suivent. Un parlement régional est créé à Toulouse dès le début du XVe siècle, en 1420.
Derniers commentaires
11.09 | 20:01
Merci à Marc pour cette visite vidéo de la cathédrale Saint Jean. Le fond musical est bien choisi.
11.09 | 19:48
Nous avons fait un super tour de La ville de Lyon en vélo taxi. Notre guide Marc a une très bonne connaissance en histoire. Nous avons appris beaucoup. 😊 Je recommande.
17.08 | 16:20
Très intéressant tour instructive avec Marc samedi passe!
10.08 | 13:19
Très bonne découverte de Lyon avec Marc.
Agréable et très intéressant, il nous a appris beaucoup de choses sur l'histoire de cette belle ville